Il y a dix ans jour pour jour Robert Paparemborde " Patou " nous quittait. Une expo commémore le 10e anniversaire du décès de Robert Paparemborde.« Patou, déjà dix ans », c'est le nom de l'exposition organisée par l'association Section Paloise dans le cadre de la commémoration du dixième anniversaire de la mort de Robert Paparemborde,
décédé à même pas 53 ans d'une maladie digestive. C'était le 19 avril 2001.
Des maillots de prestige
Ouverte au grand public dès demain, de 17 h à 19 h, et pour une dizaine de jours, l'expo prend place sous la tribune d'honneur du Hameau, dans la salle de réception du premier étage.
Elle met en scène plus de quinze maillots d'équipes internationales offerts par Robert Paparemborde à la Section et conservés par Georges Boyer, intendant de l'époque.
Actuel président de l'association Section Paloise et ami intime de « Patou », Michel Camptort réunira dès ce soir sa soeur Pierrette, son frère Jean, et différentes personnes ayant marqué la vie de « Patou ».
A leurs côtés, se retrouvera l'équipe de la Section demi-finaliste du championnat de France en 1974 avec comme capitaine... Robert Paparemborde.
Afin de lui rendre hommage en ce jour particulier, je ne résiste pas à l'idée de poster à nouveau cette interview virtuelle que j'avais réalisé. Interview virtuelle de Robert Paparemborde par Raymond LacagneCe n'est qu'une interview virtuelle, mais j'aurais tellement aimé la réaliser ! à partir d'une dizaine de petites interviews d'époque et de nombreux bouquins, j'ai essayé d'être le plus proche de la vérité,
exercice périlleux et inédit, mais je pense être très proche de la vérité, un grand plaisir pour moi que de lui rendre hommage à travers cette interview virtuelle.Robert PaparembordeNé le 5 juillet 1948 à Féas en vallée de Barétous dans les Pyrénées Atlantiques, décédé le 19 avril 2001, Robert Paparemborde est arrivé en vallée d'Ossau à Gélan, maison cantonnière sur la route de Laruns qui mène au col du Pourtalet, après que son père Gabriel y a été nommé comme employé des Ponts et Chaussées.
C'est à l'école de Gabas, qu'il fait son éducation, et surtout au milieu des bergers, des troupeaux qui transhument, des saloirs et des fromages.
Malgré les honneurs, la gloire et sa réussite sociale, il n'a jamais oublié ces moments là, ses copains, sa vallée, son Béarn.
Il avait pour terrain de jeu les champs du plateau du Hourcq, les ruisseaux où il pouvait taquiner la truite et, la vallée de Soussouéou tout entière où il aimait venir se ressourcer, et passer la nuit dans la cabane en compagnie des bergers hommes de la terre, c'est là qu'il puisait son extraordinaire énergie qu'il a déployée sur tous les terrains du monde.
Plus grand, il arrive à l'école communale et au collège de Laruns où très vite, il se fait remarquer par son physique, il a déjà un corps d'athlète, sa démarche tranquille et souple, sans méchanceté aucune, toujours à défendre le plus petit car il en imposait.
C'est un peu comme le berger des Pyrénées, chien qui garde le troupeau contre toute attaque : "LE PATOU" c'est de là que lui vient ce surnom, et qui le suivra sur tous les terrains du Béarn, de Navarre, de France, du Monde et également dans la vie de tout les jours.
Doué et passionné sport, il aura fait : du handball, où il a été international junior, du judo où il est ceinture noire, de l'athlétisme où il sera champion sur 200 et 400 mètres, du ski en amateur avec les copains, et il arrive au rugby en 1965 par hasard, quand l'équipe scolaire des Coquelicots du lycée Louis Barthou se trouve en manque de piliers. C'est tout naturellement vers lui que l'on se tourne. " Il n'a encore jamais touché de ballon ovale ".
Il a donc joué avec les coquelicots qui, en fin d'année scolaire, sont devenus champions de France avec lui.
Appelé de la classe 67 2B à l'ETAP de Pau, il fait partie de l'équipe qu'il mènera en finale du championnat de France militaire. Puis il rejoint le bataillon de Joinville et tout naturellement l'Equipe de France militaire. De là, à l'Equipe de FRANCE, il n'y a qu'un pas.
Son itinéraire sportifTaille : 1.82 m
Poids : 103 kg ( 11'4 au 100 mètres) pour un pilier de l'époque c'est : "exceptionnel"
Clubs successifs:
Section Paloise (1966-1983)
Poste occupés : ailier, centre, 3e ligne, pilier.
Racing Club de France (1983-1984)
Equipe de France55 sélections en équipe de France sous le maillot bleu, de 1975 à 1983.
8 essais marqués en équipe de France.
Il a remporté : 2 Grands Chelem, 1977, 1981.
Un tournoi des Cinq nations, en 1983.
Fait partie du XV de France victorieux de la Nouvelle - Zélande le 14 juillet 1979 à Auckland (24-19) sur la terre des mythiques All Blacks.
Fonctions : Entraîneur, DirigeantMembre du comité directeur de la FFR de 1980 à 1984.
Entraîneur de l'équipe du Racing CF, championne de France en 1990.
Manager de l'équipe de France jusqu'en 1992.
Manager de l'équipe du RCF de 1993 à 1995.
INTERVIEW VIRTUELLE de Robert Paparemborde par Raymond LacagneRL : Vous souvenez-vous de vos premiers contacts avec le rugby ?
RP : C'était au lycée. A cette époque je faisais du judo. Un jour, il manquait un pilier pour compléter l'équipe de rugby. Ils cherchaient un type costaud, ils m'ont proposé d'essayer. J'ai dit pourquoi pas ? Mais je ne garde pas un bon souvenir de mon premier match. Figurez-vous qu'à la mi-temps du match, je me suis fait exclure du terrain par mon prof de gym car il me trouvait trop violent !
RL : Quand on est originaire de Pau et du Béarn comme vous, peut-on échapper à la destinée de joueur de rugby ?
RP : Si je fais référence à mon cas oui. Car il a fallu que j'arrive à 18 ans pour tenter l'aventure du rugby. Et encore par hasard, comme je viens de vous le décrire. Pourtant Pau avait été champion de France 2 ou 3 ans auparavant, mais je n'avais pourtant pas été touché par le virus du rugby. Il est vrai que j'étais issu d'une famille qui ne s'intéressait pas du tout au sport, et au rugby en particulier. Cela dit, à travers mon exemple je réalise que l'on peut passer à travers, même dans une région de rugby.
RL : Partagez-vous la conception machiste de ceux qui pratiquent ce sport ?
RP : Oui je la partage un peu. C'est un sport qui mélange l 'engagement physique, la force, la vitesse, le contact et les grands sentiments. Je crois que le rugby est le sport macho par excellence.
RL : L'histoire dit que vous êtes devenu un pilier de niveau international car vous n'aviez pas d'épaules, qu'en pensez-vous ?
RP : Je vais vous dire le fin mot de l'histoire : quand j'ai commencé à jouer sérieusement au rugby, j'ai pas mal observé le comportement des grand piliers. À l'époque, il y avait un Irlandais qui s'appelait Lynch et que tous les piliers français craignaient. Moi, j'ai remarqué qu'il avait une position très spéciale en mêlée. Et dès que j'ai essayé cette position, je me suis tout de suite trouvé à l'aise. Et dans le même temps j'ai constaté qu'elle mettait très mal à l'aise mon vis-à-vis. Alors je l'ai adopté, mais comme en championnat de France il y avait une hiérarchie bien établie, les sénateurs de l'époque qui se retrouvaient en difficulté face à moi n'ont rien trouvé de mieux que de prétendre que je trichais, que je me mettais en travers, et que je n'avais pas d'épaules.
J'ai même reçu une lettre d'un docteur qui m'invitait à passer une radio pour vérifier si j'avais des épaules ou non. Tout cela en définitive est à mettre sur le compte de la légende.
RL : Comment vous prépariez vous personnellement ?
RP : Je m'entraînais pratiquement tous les jours. Musculation, footings, surtout un entraînement spécifique au poste de pilier, des courses de soutien 5 ou 6 fois dix mètres à fond, parfois vingt mètres mais pas plus car en match un pilier ne fait pas plus. Alors que dans de nombreux clubs, les piliers courent avec leurs trois-quarts et font des courses inutiles de cent mètres qu'ils ne feront jamais en match. Des fractionnés courts, mais aussi des arrachés en musculation, beaucoup de travail avec le joug, de nombreuses poussées, pour l'efficacité du travail en mêlée.
RL : Vous avez eu une carrière internationale riche, on y reviendra mais nous allons d'abord parler de la Section Paloise, 17 ans de fidélité dans ce club. De bons et de moins bons moments, quels sont pour vous les faits marquants de votre carrière paloise ?
RP : Tout d'abord un grand regret, celui de n'être jamais monté à Paris avec la Section. À plusieurs reprises nous y avons cru mais cela ne s'est pas fait ! En 1970 après avoir remporté le Challenge Béguère à Toulouse devant le Stade Toulousain et 10000 personnes pour nous applaudir, on échoue en championnat en quart de finale devant Montferrand, une équipe à notre portée mais qui nous élimine. On avait cette année là une équipe pour aller plus loin ! Même chose en 1972, après avoir battu le Stade Toulousain à Bordeaux après une rencontre très dure, on tombe sur un trop grand Béziers qui nous élimine 40 à 4 !
RL : En 1974 également vous aviez la possibilité d'aller plus loin mais à nouveau l'échec en demi-finale cette saison là, grosse déception ?
RP : Oui très grosse déception, on pensait avoir fait le plus dur en ayant éliminé en huitièmes Agen 24-21 puis Dax 13-8 en quart à Tarbes, on marchait sur les traces de nos ainés de 1964, mais Narbonne nous a sorti en demi-finale 15-9, la dernière marche avant Paris, nous n'avons su la négocier hélas. Le Narbonne des frères Spanghero était plus fort ce jour là, 3 essais à zéro, il n'y a pas eu photo.
J'y ai vraiment cru avec cette génération car il y avait des supers mecs dans cette équipe, je ne vais pas tous les citer mais mes complices de la première ligne Marc Etcheverry et Daniel Desclaux étaient des joueurs remarquables, Christian Loustaudine avec qui j'ai partagé de nombreuses saisons paloises et derrière des mecs bourrés de talent comme Brusque - Basly - Mariné - Lacoste - Ollé ... méritaient d'aller à Paris mais hélas nous ne l'avons pas fait.
RL : Plus beaucoup de bons résultats ensuite avec des éliminations précoces en championnat (32ème-16ème-8ème) et même descente en Groupe B, jusqu'à cette fameuse saison 1982/1983 la dernière de votre carrière paloise, et un coup qui passe très près face à Nice en quart de finale, là aussi grosse déception d'autant plus que vous avez mené jusqu'à la 82ème minute !
RP : Oui très grosse déception, ce groupe potentiellement était moins fort que celui de 1974, mais il avait beaucoup de cœur. Après être sortis premiers de poule, avec un maximum de réussite, cette transformation que Lahet ne peut pas tenter car il a pris trop de temps et l'arbitre lui refuse le droit de la tenter, si Aire gagne à Pau ce jour là on ne sort plus premiers de poule et on doit passer par les barrages ce qui n'a donc pas été le cas. On élimine Bègles sur deux matchs en huitièmes de finale et on se qualifie pour affronter Nice à Narbonne dans un stade désert (800 spectateurs ndlr) On mène quasiment tout le match jusqu'à la 82ème minute et un mauvais lancer en touche qui permet à Buchet de marquer. Beaucoup de regrets donc, si Carçabal ne se blesse pas dès la 1ère minute, mais avec des si on peut aller loin, et notre chemin s'est arrêté là, tout comme ma carrière paloise.
RL : Une carrière paloise débutée en première à 20 ans en 1968 au poste de trois quart centre !
RP : Oui, je jouais un peu à tous les postes à l'époque. En 16ème de finale, je suis retenu pour jouer contre Agen à Tarbes au centre de l'attaque paloise, on gagne face à un XV agenais vieillissant et on se qualifie pour les 8èmes où nous serons éliminés par le Stade Montois.
RL : Quel sont les joueurs ou dirigeants qui vous ont le plus marqué durant votre carrière paloise ?
RP : Marc Etcheverry bien sûr, je suis « né » à ses cotés en première ligne. C'était un roc indestructible, un garçon qui n'a eu que deux sélections en équipe de France mais qui aurait mérité d'en connaître davantage, j'ai beaucoup appris à ses cotés durant de nombreuses saisons. Gérard Bonnemazou dit « Bonbon « un mec super, on se parlait peu car on était d'un naturel discret tous les deux, mais comme avec Rives ou Fouroux en équipe de France, un seul regard entre nous disait tout. J'ai pris plaisir à jouer à ses cotés pendant des années. Christian Loustaudine leader naturel, Daniel Desclaux petit par la taille mais un géant de bravoure, Jean-Claude Castagnet derrière et Sylvain Bourbon devant auraient mérité eux aussi une carrière internationale, et bien sûr Laurent Cabannes si doué et que j'ai fait venir à Paris à mes cotés, le talent à l'état pur !
Sans oublier de grands hommes comme François Moncla, Albert Cazenave, Gérard Lom ou messieurs Broqué , Boyer et Henrique notre soigneur que j'ai eu le plaisir de côtoyer.
RL : Merci Robert Paparemborde, on va faire une première pause avant de parler de vos années parisiennes, de l'équipe de France bien sûr avec ces 3 moments forts de votre carrière au milieu de 55 sélections, les Grands Chelem 1977 et 1981 et bien sûr également la première victoire chez les All Blacks le 14 Juillet 1979 à Auckland. ....... (à suivre)
Raymond LacagnePS : J'ai toujours dit que je ferais la suite, son parcours Equipe de France et RCF notamment mais par manque de temps ... Un jour peut-être