Messagepar McCaw » 03 Mai 2020 16:01
Je n'aime pas ce que fait Clermont depuis plusieurs années, et je les trouve assez condescendants.
Je reconnais cependant qu'ils ont formé bien des joueurs pour bien des clubs.
Les baisses de salaires, il faut qu'elles soient proportionnelles aux revenus pour être comprises et acceptables. Il est certain que Morgan Parra ou Charles Ollivon, je ne suis pas inquiet pour eux, et si un effort doit être fait, bon, c'est possible et même légitime. Pour d'autres, pas touche...
C'est l'occasion de tout repenser, vraiment, mais d'arrêter de laisser parler des présidents qui ne voient pour 90 % pas plus loin que le bout de leur nez....
Le mec de Perpignan a son voisin treiziste à côté, il voit bien que la saison est organisée différemment, c'est pas très intéressant de jouer au rugby dans le nord de l'Angleterre en janvier-février hein... D'ailleurs c'est pareil en France, et on en est à changer des pelouses un peu partout, à se féliciter de jouer en salle, etc.
Les treizistes anglais attaquent fin février/mars (c'est pas la saison tropicale à Wigan ou Leeds non plus hein...) et finissent en octobre, c'est pareil en Australie, au moins quand il y a des matches internationaux, c'est pas le foutoir...
Même si ce sport a moins d'écho mondial, il a une meilleure cohérence sur l'aspect calendrier.
En football, on ne voit pas jouer la Ligue 1 pendant que l'équipe de France joue, c'est du très grand n'importe quoi ce qu'on fait, on avait une saison à une dizaine de doublons cette année !!
Dans le fond, ici on est nombreux à avoir connu l'ère amateur (marron, on est d'accord), je pense qu'une solution intermédiaire peut exister, et soit plus saine moralement et économiquement que de voir des joueurs remplaçants assez moyens parfois gagner 6, 8, 10 fois un SMIC...
Ce sport est devenu plus sûr en termes de violence, mais par contre, abîme les corps peut-être davantage car le rythme et l'intensité n'ont plus rien à voir avec avant, et oui il faut payer les joueurs qui font des efforts, mais on est dans quelque chose réellement depuis une vingtaine d'années a pété les plombs...
Au lieu de surpayer les joueurs, les coaches, les consultants, de foutre du fric en comm' ridicule, etc, on ferait mieux de baisser les places dans les stades, ce serait déjà une vraie première chose à faire.
Parce que la crise va laminer toute la société, et il ne faudra pas pleurer si les gens ne peuvent pas venir car c'est bien trop cher quand les matches pourront reprendre (quand ? On n'en sait rien en plus...). Même vendre des loges à des entreprises, dans un premier temps, c'est pas gagné...
Et ensuite réfléchir à abonder un fonds pour que les joueurs aient de vraies formations pour passer dans l'après-rugby pour ceux qui n'ont pas pu le faire avant (à 20 ans, t'es Espoir, t'as la tête dans le guidon, c'est pas simple de tout anticiper), leur garantir un accompagnement sur pleins d'aspects (je pense à ces pauvres Fidjiens que l'on balance au fin fond de la Bigorre, de la Nièvre ou de l'Allier pour des matches de F1, ProD2, qui sont tout seuls, sans piger comment on doit payer des impôts,), retrouver un chemin qui soit quand même autre chose que de la course à l'échalote entre investisseurs aux dents longues pour monter des écuries relativement désincarnées et relativement hors sol...
Je regardais sur Netflix une série sur un club de football anglais, Sunderland, qui a subi en deux saisons une double rélégation de Premiership vers le Championship puis vers la League One (de D1 à D3).
On voit parfaitement 2 choses : 1- la ferveur immense des gens envers leur club, des gens d'une ville populaire qui ne rigolent pas tous les jours et choisissent parfois de venir à un match et pas a un autre car ils n'ont pas le fric tout bonnement. C'est comme à Lens ou Saint-Etienne, vous voyez tous l'affaire, c'est somptueux.
Ils vivent leur passion également selon les chants et la devise qu'ils se sont donnés : "Sunderland til I die" (Sunderland jusqu'à la mort) et "We are Sunderland" (nous sommes Sunderland).
Les joueurs, les coaches et les présidents passent, mais les supporters restent...
On est bien placés ici pour le savoir également, ce n'est pas tous les jours une sinécure de supporter (comme je dis souvent, dans tous les sens du terme...) la Section Paloise !!! Nos joies sont immenses car nos déceptions ont été nombreuses...
Pas de supporters, pas de football, pas de rugby, pas de sport de compétition, si ce n'est de vagues rencontres du fond du fond sur un terrain bosselé dans un quartier miteux ou une campagne en déshérence...
2- les aspects économiques du club, où c'est du grand n'importe quoi, avec tous les pièges du sport-spectacle, les valses de coach, les salaires indécents pour des joueurs à la morale douteuse, le cirque des agents qui tournent les têtes de braves gamins, les investisseurs déçus qui abandonnent le club sans un mot pour qui que ce soit, en laissant tout couler, puis les successeurs, en mode "start-up nation" qui prennent un peu les gens pour des gogos, et n'hésitent pas à sabrer dans les effectifs des employés au nom de cure d'austérité (légitimes ou pas, c'est même pas le débat, mais c'est toujours le salarié qui ramasse...), les achats compulsifs de joueurs en dernière minute à 2 fois la valeur réelle du mec...
Le rugby a pris ce chemin, c'est de la faute de tout le monde et personne à la fois.
Mais maintenant il faut changer de paradigme, et pas seulement sur l'aspect sportif pur (quel championnat ? Quel calendrier ?), mais surtout en termes d'image véhiculée.
On est peut-être le deuxième sport collectif médiatiquement parlant en France et peut-être en Europe (pas sûr quand même) mais en termes de licenciés on est loin derrière pas mal de sports, et on perd ce qui faisait totalement notre identité et notre caractéristique : un sport dur, mais convivial, un peu rigolo (et parfois un peu beauf, un peu kitsh), mais très proche des gens. Sincèrement.
Ça suffit ce cinéma maintenant, ce développement hors-sol et à tous crins dans des grandes métropoles avec des gens qui changeront de passion quand ils se seront lassés et laisseront des ruines derrière eux.
Au lieu de parler de ligues fermées, faisons les efforts pour garder les bastions méditerranéens, pyrénéens, atlantiques ou alpins, sans pour autant mépriser les autres. C'est bien que Rouen ou Nevers apparaissent après Montpellier (même si objectivement il y a des développements hors-sol de leur part en partie, c'est évident) et les résurrections de Lyon, Bordeaux et du Racing, mais je ne vois pas ce que nous avons à gagner à nous priver de voir en haut de l'échelle des Grenoble, Perpignan, Biarritz, Mont-de-Marsan ou Aurillac...
Je ne me félicite pas tellement de voir des Dax, Tarbes ou Narbonne très loin du compte... On voit des Bourgoin exploser, Auch (qui revient en F1), personne ne bouge tellement quand ça arrive hormis le fait de dire "ah oui, tu te souviens quand...", c'est quand même un sport qui créé lui-même les conditions de sa propre disparition au nom de valeurs qui sont de plus en plus contestées au sein de la société (le plus fort, le plus riche, etc) alors même qu'il serine à tout bout de champ la solidarité, etc.
Et soyons vigilants sur le fait que beaucoup de petits clubs disparaissent ! La base de la pyramide s'érodait, s'effritait, mais maintenant je dirais qu'elle se morcelle par blocs entiers ! Il suffit de regarder, même en Béarn !
Le rugby pourrait parfaitement passer de mode d'ici 10 ou 15 ans, attention, et on se retrouverait dans la situation du XIII complètement sorti des radars désormais en dehors de ses terres historiques (je lisais un papier, et mon père m'en parlait, du fait qu'il y avait un club de XIII à Pau jusqu'à la fin des années 70 ou début 80).
Je préfèrerais la situation du football des années 80 : forte équipe de France, très exposée et populaire (comme aujourd'hui), mais championnat costaud (clubs qui sont capables de rivaliser en coupes d'Europe, pas comme aujourd'hui sauf pour le PSG qui est à part, et quelques exploits de l'OL, Monaco ou Marseille, mais sans lendemains). Et avec des sommes en jeu tout de même un peu plus décentes (avant Tapie, avant Canal +) pour le footballeur moyen, et en ce qui nous concerne, le rugbyman moyen (qui actuellement n'est pas coupé des réalités, attention. Il vit confortablement, il ne vole pas son argent, je critique pas ça, mais on va pas sur la bonne pente quand des remplaçants du remplaçant gagnent 3 fois plus qu'un boucher, qu'une infirmière, qu'un prof ou qu'un cantonnier, le tout pour un intérêt pour la société somme toute réduit. On comprend bien que le gars n'est pas pompier ou femme de ménage...).
"En 1ère main !!!!!"